Le traitement sanitaire de la Covid. Le problème de l'hypothèse la plus plausible

Philippe Brindet - 21/04/2021

De quoi s'agit-il ?

Le traitement sanitaire de la Covid ne satisfait pas les opposants au régime occidental. Parce que, ce qui apparaît clairement, c'est que le traitement sanitaire de la Covid est quasiment unifié dans tout l'occident américanisé. Avec quelques nuances, - confinement, ici, plus tard là - des oppositions - la Suède refuse de confiner, et alors ? Une vraie question est de savoir pourquoi la réponse sanitaire est tellement identique partout en Occident américanisé ? Le sujet est vaste. Trop vaste ici.

Il y a quelques jours, Maître Fabrice Di Vizio, avocat spécialisé dans les affaires judiciaires engageant les médecins et la santé publique depuis vingt ans, a ouvert une chaîne vidéo - sur YouTube - et dans l'une des émissions de sa chaîne, il a reçu l'épidémiologiste Martin Blachier. Pour discuter sur quelques exemples concrets de l'hypothèse plausible. Bien sûr dans le cadre du traitement sanitaire de la Covid.

Je suis rarement satisfait d'un débat oral. Il s'agit d'un art extrêmement délicat qui ne peut traiter que de sujets parfaitement dominés par les débateurs, mais aussi, et surtout par ceux qui les écoutent. Or, en matière d'épidémiologie, je suis loin de dominer le sujet. Et je pense que Maître Di Vizio ne le pense pas de lui-même non plus, même s'il a déjà conduit avec succès plusieurs dossiers judiciaires sur le sujet.

Quant à Martin Blachier, si c'est son sujet professionnel, il rencontre quelques difficultés que nous allons voir. Mais, comme je ne peux discuter en l'air, je suis contraint de commencer par une transcription d'une partie de leur entrevue.

Situer le débat Di Vizio - Blachier

Source interview vidéo Di Vizio Blachier, 16 Avril 2021 : https://www.youtube.com/watch?v=OZuwcZFEaVE&t=351s

L'invité de cette entrevue vidéo est le médecin Martin Blachier qui est très souvent invité des entrevues vidéo de la grande presse. Blachier est loin d'être un sceptique de la Covid, puisqu'il a fortement pesé sur l'opinion publique notamment lors de la première épidémie de Mars 2020 en faveur des mesures de distanciation sociale et de la prohibition des médicaments pour traiter la Covid, au prétexte que ces médicaments n'étaient pas autorisés sur la base d'essais cliniques standardisés. Martin Blachier a un an d'expérience presque quotidienne à intervenir sur des plateaux TV.

Son invitant est l'avocat Di Vizio. Il dirige plusieurs affaires judiciaires mettant aux prises des sceptiques de la Covid avec l'Etat et les autorités sanitaires. Il représente et conseille notamment le Pr Raoult dans son contentieux avec le Conseil de l'Ordre des médecins. L'esprit d'analyse et le sens critique de M° Di Vizio sont particulièrement remarquables.

L'avance de Blachier sur beaucoup d'experts convoqués par la grande presse pour nous convaincre des arguments du régime, c'est qu'il semble avoir perçu plus vite que ses pairs que le discours officiel sur la Covid était objectivement contestable. D'ailleurs, de plus en plus de l'opinion publique rejoint le camp des sceptiques. Lui-même, s'il ne conteste pas son camp, c'est surtout parce que ce n'est pas son métier. En effet, Blachier anime une entreprise qui produit des analyses de données médicales et sanitaires. Quand il intervient sur un plateau TV, il est donc un peu en "représentation" pour son entreprise, même s'il reste discret. Mais, il est certain que les contrats qu'il a réussi à obtenir s'éteindraient immédiatement s'il se laissait aller à une contestation du régime.

Interrogé par Di Vizio sur son pari que le vaccin AstraZeneca ne serait pas interdit, il admet avec difficulté s'être trompé. La chose est somme toute assez secondaire d'autant que AstraZeneca n'a pas été finalement interdit mais "réservé" aux vieillards dont la réduction de l'espérance de vie va dans le sesn des économies des dépenses sociales ... Cependant, quelques répliques plus tard, il se lance dans un exercice de style destiné à rappeler à l'avocat Di Vizio que ce dernier n'est pas un scientifique, ce qui est factuellement exact et quelque peu déloyal dans le débat. Di Vizio dans cet entretien ne concourait pas pour un poste de professeur en épidémiologie ou je ne sais quoi.

(Transcription à partir de 5'45")

Di Vizio -... par exemple, vous parlez du couvre-feu à 18 heures qui marche "on a les datat" ... Qu'est-ce que vous appelez les datat et sur quoi elles se fondent nos data ? Puisque en même temps vous me dites qu'on a un niveau de preuves faible de l'efficacité. Alors comment je peux dire dans la même phrase (bruit de Blachier) comment je peux dire dans la même phrase : çà marche mais je n'ai pas de preuve.

Blachier - [4'18"] (un rien agacé) Non. Alors je vais être encore plus précis. Disons que si on regarde ... on peut regarder la qualité du signal, on peut regarder le sens dans lequel va le signal. Le sens dans lequel va le signal, c'est plutôt un sens d'efficacité. Comme on regarde, c'est une séquence temporelle. On regarde les endroits où le couvre-feu à 18 heures a été mis. On regarde la tendance, sachant qu'il y a plein d'autres choses qui peuvent expliquer la tendance. Donc c'est le niveau du signal, la qualité du signal qui est faible. Mais le sens dans lequel va le signal est quand même un sens qui laisse à penser ... Si on avait mis le couvre-feu à 18 heures et que les contaminations s'étaient mises à s'enflammer, j'aurai dit la qualité du signal est toujours faible et le sens va dans le fait que c'est pas efficace.

Di Vizio - [4'55"] Là où çà pose un problèmqe c'est qu'au fond, vous présentez des hypothèses comme des certitudes. Parce que c'est çà le coeur du problème (dénégation de Blachier) vous ne pouvez pas dire que le couvre-feu, çà marche, on a les data ...tout en reconnaissant que vous avez un niveau de preuve insuffisant pour pouvoir tirer une conclusion.

Blachier - Alors je reprends encore une fois, parce que vous voulez vraiment aller au bout, Quand vous testez une hypothèse, vous avez une probabilité a priori, c'est-à-dire, vous vous ditez, est-ce que c'est plausible. Si vous empêchez les gens de faire des apéros entre 18 et 20 heures, vous avez quand même une forte présemption de penser que çà a potentiellement une efficacité Derrière vous essayez de le vérifier. Et à ce moment là, vous vérifiez une tendance qui va dans le sens de votre hypothèse qui était quand même très crédible. Donc tout çà, çà renforce les faits. Si par exemple, vous demandez avec une qualité de signal très faible de valider le fait que de mettre des chaussettes vertes çà protège contre le covid, votre hypothèse a priori est très peu crédible, et donc vous allez avoir besoin d'un sacré signal pour avoir raison.

Di Vizio - Est-ce que les hospitaliers de Toulouse ne vous ont pas exposé que le couvre-feu ne marchait pas et peut être avait été même contreproductif.

Blachier - Il est possible que dans certaines circonstances, c'est tout à fait une hypothèse crédible, que du fait du couvre-feu, les gens aient organisés de soirées cachées dans les appartements. C'est une hypothèse tout à fait possible.

Di Vizio - ... vous dites donc qu'il y a des apéritifs en couvre-feu est-ce que vous êtes capables de les quantifier, et de dire quel impact ces apéritifs ont eu sur l'épidémie ?

Blachier - Alors, il y a l'enquête de Santé Publique France - qui nous dit des évidences - parce que à partir du moment où les physiciens nous ont montré que l'infection se transmettait essentiellement par l'air, vous avez quand même une grande idée. Donc, c'est quand vous vous retrouvez avec des gens, que vous ne portez pas de masque, et quand il y a du brassage - le brassage, on ne se rend pas compte à quel point c'est important . Parce que quand vous voyez toujours les mêmes personnes, la probabilité qu'elle vous ramène le virus est trop faible. Quand vous mélangez avec d'autres gens, c'est beaucoup plus fort.(7'53")

Blachier est parti de la matérialité des data (le signal) pour revenir aux idées préconçues : le virus se transmet dans l'air, le brassage des gens etc. Sans aucune preuve par les datats ... Poussé par Di Vizio, Blachier explique que c'est une hypothèse très plausible, donc certaine.

Blachier - Derrière, on prend une mesure et ce qui a été constaté après la mesure va plutôt dans ce sens là. Je ne dis pas plus que cela ...

Discussion de l'échange Di Vizio - Blachier

L'échange entre les deux débatteurs est "suurréaliste" ...

Di Vizio veut conduire Blachier à dire qu'il tourne en rond sur des mesures d'interdiction sociale - comme le couvre-feu à 18 heures - qui ne sont fondées que sur des hypothèses. Mais, il laisse Blachier libre du "choix" des preuves. Du coup, l'autre en profite pour se lancer - du haut de sa qualité de scientifique parlant à un ignorant - dans un grand moment d'escamotage de faits précis. Il parle de signal, de datas, de mesures, sans jamais dire de quoi il retourne. Il va juste évoquer de quoi il n'est pas question : que lorsque le couvre-feu à 18 heures le nombre des contaminations augmente.

C'est du grand n'importe quoi.

D'ailleurs, Di Vizio ne visait pas une critique du couvre-feu à 18 heures. Il voulait seulement dire que l'imposition du couvre-feu à 18 heures - à titre d'exemple de mesure anti-épidémique- avait ét&é décidée sur la simple base d'une hypothèse.

Or, Blachier lui réplique avec un brouillard de mots, qui se rapportent tous au problème, mais qui ne sont pas organisés en phrases visant à exprimer un fait scientifique.

Une première idée est que Blacher cherche uniquement à noyer son interlocuteur. C'était peut pêtre sa première intention quand il commence par : "Non. Alors je vais être encore plus précis. Disons que ...". Mais quand il termine en prenant les contaminations, il est presque parvenu à dire la "chose scientifique".

Ce quil voulait dire, c'est que si on prend la date d'application de la mesure de couvre-feu à 18 heures, et qu'à partir de cette date, on regarde la série temporelle des contaminations, si cette série est croissante, la mesure est sans efficacité, si elle descend, elle est efficace.

Mais Blachier ne peut pas dire la chose clairement parce qu'il sait très bien qu'il a deux problèmes. Le premier, c'est que - et il le dit lui-même étonnemment - "On regarde la tendance, sachant qu'il y a plein d'autres choses qui peuvent expliquer la tendance.". Que la série temporelle des contaminations monte ou descende, il y a tellement de raisons pour qu'elle varie dans un sens ou l'autre qu'il est impossible de décider que c'est grâce à l'instauration du couvre-feu à 18 heures. C'est le problème classique que la corrélation n'est pas la causalité ...

Mais, même si il avait clairement dit la chose, Blachier avait un second problème. Le jour où Macron décide du couvre-feu à 18 heures, sur les instances de son "conseil scientifique" - auquel, il faut lui rendre cette justice, Blachier ne participe pas - Macron n'avait aucune preuve scientifique prouvant que le couvre-feu à 18 heures "marchait" comme mesure anti-épidémique. C'est même bien pire, puisque des dizaines d'études scientifiques montrent que le couvre-feu nocturne ne donne aucun résultat positif sur le cours d'une épidémie. Et de ce fait, Blachier qui a dit non à Di Vizio sur la question qu'il n'aurait que des hypothèses en faveur du couvre-feu à 18 heures, n'a effectivement que des hypothèses pour imposer le couvre-feu à 18 heures, comme pour toutes lesu autres mesures d'intervention sociale !

Dans la suite de l'entretien (voir notre transcription), Blachier va même pratiquement concéder qu'il n'a que des hypothèses. Mais, il "maquille" sa faiblesse en disant qu'il a l"hypothèse la plus "plausible" ! Ce n'est plus de la science. sa démarche est la suivante : 1. les physiciens "montrent" que le coronavbvirus se diffuse dans l'air ;
2 . le brassage des gens dans des foules est plus favorable à la diffusion du virus dans l'air ;
3. il faut donc interdire les occasions de brassage des gens : d'où le confinement, la distance de 2 mètres, les masques, le couvre-feu ...
4. et la preuve, c'est que la contamination ne redémarre pas après le couvre-feu ....

Le problème de ce "raisonnement" c'est que les "physiciens" n'ont pas démontré que la seule voie de diffusion était aérienne. Par exemple, on sait que les eaux usées transportent le coronavirus.Les Physiciens ont seulement été capavbles de modéliser la diffusion aérienne de microparticules ayant la taille du SARS-CoV-2 à l'aide de superordinateurs (étude japonaise). C'est un peu court comme fondement à une politique anti-épidémique.

Blachier semble ensuite sur-estimer la dangerosité du "brassage". Il ne dit pas trop ce qu'il entend par "brassage". Ce que l'on peut comprendre, c'est que si le brassage met en oeuvre des populations absolument sans contamination, ce brassage ne présente aucun danger. Par exemple, en Espagne, un "concert géant" en plein airt a été orgganisé en mars 2021. Les participants à ce concert ont accepté de se faire dépister depuis cette date. Aucun n'a contracté le coronavirus.

Le problème des mesures anti-épidémiques comme le couvre-feu à 18 heures, c'est qu'elles supposent au chacun risque d'être contagieux. Mais, Si moins de la moitié de la population est infectée, la mesure est injuste (concept de justice dans un régime démocratique). Or, aujourd'hui, on pense que moins de 1 personne sur 30 est infectée. On enferme un peuple libre sans aucune raison admissible.

Par contre, la quarantaine d'une personne infectée - et sous réserve que le test d'infection soit certain - est encore une mesure privative de liberté compatble avec la règle démocratique. Cette mesure a une efficacité prouvée depuis des millénaires, dans de très nombreuses sociétés (qui n'étaient que rarement démçocratiques).





Revue C-Politix
(c) 28 Avril 2021